Selon une nouvelle étude Ipsos, les Français ont été moins nombreux à lire en 2020. En 2021, inversons la tendance en faisant le plein de culture et de lecture à domicile. En attendant la réouverture des musées, centres d’art, galeries et expositions, et si vous enrichissiez votre bibliothèque de nouveautés livresques ?
Connaissance des Arts a sélectionné pour vous 10 ouvrages à savourer durant les journées ensoleillées. (Re)découvrez l’histoire des peintres impressionnistes, plongez dans les Contes de Jean de La Fontaine illustrés par Fragonard et faites le tour d’horizon des peintres nordiques au XIXe siècle. À vos marque-pages, prêts… lisez !
1. Un tour du monde avec JR
Qu’importe la limitation des rassemblements à six personnes maximum, JR vous emmène à la rencontre de 100 hommes et femmes, ayant de 1 à 100 ans, venus des quatre coins du monde dans son dernier livre Quel âge as-tu ?. À destination des enfants, cet ouvrage s’appuie sur les photographies réalisées dans le cadre de son projet d’art participatif Inside Out qui, depuis 2011, a fait fleurir sur les murs des villes de 140 pays, jusqu’au Pôle Nord, des portraits en noir et blanc. Souhaitant « changer le monde », JR a ainsi indirectement accompagné bon nombre de luttes et de résistances, comme les printemps arabes ou le mouvement prodémocratie russe, qui se sont servis de ce projet pour faire apparaître les oubliés de leurs sociétés au grand jour. Dans Quel âge as-tu ?, l’artiste poursuit sa démarche et entreprend de connecter les enfants et les adultes du monde entier tout en célébrant la diversité des cultures, des histoires personnelles et des visages. En un bref paragraphe présentant chaque personne, son histoire et ce qui la rend heureuse, JR offre des rencontres inédites, chaleureuses et pleines de compassion, rendues encore plus nécessaires en ces temps de crise sanitaire.
Quel âge as-tu ?, par JR, Éditions Phaidon
2. Tout Duchamp-Villon
Dans la famille Duchamp, on connaît bien Marcel, l’inventeur des ready-mades, Jacques Villon, le peintre, mais on oublie souvent leur sœur Suzanne Duchamp-Crotti et leur frère Raymond Duchamp-Villon (1876-1918), auquel ce catalogue raisonné est consacré. Les 138 sculptures qu’il a réalisées sont ici regroupées en ensembles cohérents mêlant dessins, maquettes et tirages en différents matériaux. On retrouve bien sûr ses premières figures dans l’esprit de Rodin mais aussi la genèse de sa Maison cubiste de 1912 et de son Cheval majeur de 1914, symbole de mouvement dont Marcel Duchamp accentue le dynamisme en le plaçant sur un socle rotatif lors de sa présentation à la galerie Louis Carré plus de cinquante ans après la mort de son frère.
Catalogue raisonné de Raymond Duchamp-Villon, sous la direction de Patrick Jullien en collaboration avec Assia Quesnel, Skira

Catalogue raisonné de Raymond Duchamp-Villon, sous la direction de Patrick Jullien en collaboration avec Assia Quesnel, Skira (560 pp., 199 euros).
3. Vivre l’impressionnisme en direct
Qui n’a jamais rêvé d’accompagner Toulouse-Lautrec au Moulin Rouge ou Monet à Giverny ? Raconter l’histoire de l’impressionnisme au plus près des peintres qui ont formé ce mouvement, voilà le pari de Valérie Mettais dans son Histoire vivante de l’impressionnisme. Quoi de plus naturel pour raconter un courant de peinture qui refusait toute catégorisation et prônait l’indépendance de ses membres ? L’historienne de l’art nous propose ainsi de suivre, année après année, les vies mouvementées, parsemées d’échecs, de débats et de voyages, de Van Gogh, Manet, Seurat ou Morisot, en se fondant, entre autres, sur leurs correspondances écrites. Loin des chronologies habituelles, Valérie Mettais commence son histoire des impressionnistes en 1863, alors que Manet scandalise tout Paris en présentant le Déjeuner sur l’herbe et se termine en 1905, lorsque la génération fauve s’affirme, en choquant tout autant leur monde. Servi par une iconographie riche et très variée, Histoire vivante de l’impressionnisme replace les œuvres dans un contexte historique à la fois macroscopique – les transformations liées à la Seconde Révolution industrielle – et microscopique, dans la vie personnelle de chaque artiste et dans ses relations avec les autres impressionnistes. L’ouvrage est finalement impressionniste lui-même, puisqu’il acquiert sa cohérence globale dans la juxtaposition des petites touches que sont les fragments de vie d’artistes que l’autrice révèle petit à petit.
Histoire vivante de l’impressionnisme, par Valérie Mettais, Éditions Hazan
4. Fassianos face à Navarre
De 1966, date de leur première rencontre, à 1993, date de la publication de « Pour dans peu », l’écrivain et poète Yves Navarre (1940-1994) est face au peintre Alekos Fassianos (né en 1935). Ce face à face est multiforme car Navarre est également peintre et Fassianos illustrateur de ses textes. Ce travail à quatre mains débute en 1972 avec une petite édition à trois cents exemplaires, puis Fassianos fait la couverture du roman Portrait de Julien devant la fenêtre avec deux hommes bleus et Navarre préface le catalogue de gravures de son ami grec. Et ainsi de suite, comme le rappelle ici Philippe Leconte, « un texte de Navarre illustrant un dessin de Fassianos ou l’inverse ». Au gré des pages narrant cette collaboration, on suit le mariage des mots et des images. Pour Poudre d’or, par exemple, le peintre imagine deux personnages à une fenêtre face à une foule de profils. Pour « Le Fauteuil 163 », il croque le geste nerveux de l’acteur devant son miroir avant une représentation, suivant à la lettre les précisions de Navarre.
L’ouvrage est complété par un ensemble d’œuvres de Alekos Fassianos, des peintures des années 1960 aux plâtres les plus récents. Une exposition est annoncée à la galerie Elysée-Saint Honoré cette année. On attend avec impatience la confrontation sur les cimaises des textes de l’un et des œuvres de l’autre. Ce rendez-vous pourrait-il déboucher ensuite sur une grande rétrospective de l’artiste grec, formé à la lithographie aux Beaux-Arts de Paris, publié par la Revue parlée du Centre Pompidou en 1983 et exposé en France dans de nombreuses galeries, chez Paul Faccheti, Alexandre Iolas tout comme à la galerie Beaubourg ? Très populaire en Grèce, Fassianos mérite cette reconnaissance en France.
Yves Navarre rencontre Alekos Fassianos, par Philippe Leconte, H&O éditions
5. La Fontaine par Fragonard
Ce sont dans les années 1770 que Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) entreprend d’illustrer les Contes et Nouvelles en vers de Jean de La Fontaine (1621-1695), écrits simultanément aux Fables, entre 1660 et 1693. Pour le 400e anniversaire du célèbre poète, les éditions Diane de Selliers reproduisent intégralement les 57 dessins rehaussés d’un lavis de bistre (conservés au Petit Palais depuis 1934) et 15 tableaux en couleurs du peintre du XVIIIe siècle pour sublimer le manuscrit original de La Fontaine. « Qui pense finement et s’exprime avec grâce / Fait tout passer car tout passe », écrit le poète face aux critiques. L’occasion idéale pour redécouvrir une œuvre majeure de la littérature française qui met en vers les tours et détours de l’amour, devenue par la suite une importante source d’inspiration de la culture galante sous la Régence puis sous Louis XV, dans laquelle puise Fragonard.
Les Contes de Jean de La Fontaine illustrés par Jean-Honoré Fragonard, éditions Diane de Selliers

Les Contes de Jean de La Fontaine illustrés par Jean-Honoré Fragonard, éditions Diane de Selliers (352 pp., 49 euros).
6. Retour vers l’Égypte ancienne
« Je cherche à traduire par le dessin ce que les archéologues pensent avoir découvert. (…) Mes villes sont, d’une certaine manière, « entières », voire oppressantes. Je ne laisse guère de place à l’incertitude, à la fantaisie, à l’imagination. Pas de romantisme des ruines ! », explique l’architecte Jean-Claude Golvin, ancien membre du Bureau d’architecture antique et ancien directeur du Centre franco-égyptien de Karnak, qui a assisté à de nombreuses fouilles. À travers des aquarelles restituant les sites archéologiques, Voyage en Égypte ancienne invite le lecteur à parcourir le Nil, d’Abou Simbel à Alexandrie, des premiers pharaons jusqu’à la fin de l’Empire romain. Le temps d’une lecture, devenez Hérodote et plongez dans l’histoire de la civilisation pharaonique. En faisant dialoguer textes anciens et découvertes archéologiques, l’auteur propose une sélection de 60 aquarelles représentant des sites classiques (Thèbes, Giza) et certains moins connus (Tell el-Amarna, Tanis), pour le plus grand plaisir des amateurs d’Égypte ancienne.
Voyage en Égypte ancienne, aquarelle de Jean-Claude Golvin, textes d’Aude Gros de Beler, éditions Errance

Voyage en Égypte ancienne, aquarelle de Jean-Claude Golvin, textes d’Aude Gros de Beler, éditions Errance (208 pp., 29 euros).
7. Conservation et création au Mobilier national
Le Mobilier national, anciennement Garde-Meuble royal et Mobilier impérial, conserve, restaure et entretient 130 000 pièces (objets mobiliers et œuvres textiles), datant de la fin du Moyen Âge à nos jours, destinées aux édifices publics, en France et à l’étranger. Trois cents artisans d’art y travaillent. Le lieu joue également un rôle dans la création contemporaine et la promotion des métiers d’art. Principalement composé d’ingénieuses pages à rabats sur papier cartonné, l’ouvrage présente les métiers d’art (la tapisserie de haute et basse lice, les tapis, la dentelle…), les lieux (les Gobelins, l’ARC…), les savoir-faire (donner de l’éclat au métal, travailler le bois) qui font le prestige du Mobilier national. Photographies, textes didactiques (Marie-Hélène Bersani est directrice production créations textiles au Mobilier national, Thierry Sarmant, directeur des collections) offrent une belle entrée en ma- tière pour découvrir la vitalité de cette institution.
Les Métiers d’art du Mobilier national, par Marie-Hélène Bersani et Thierry Sarmant, Éditions Gallimard

Les Métiers d’art du Mobilier national, par Marie-Hélène Bersani et Thierry Sarmant, Éditions Gallimard, coll. « Hors-série Découvertes » (76 pp., 14,50 euros).
8. La peinture qui venait du froid
De la récente exposition « L’Âge d’or de la peinture danoise », au Petit Palais à Paris, à celle dédiée ce printemps à Peder Severin Krøyer au musée Marmottan Monet, la peinture danoise a le vent en poupe. Ce très beau livre prolonge le plaisir, en ouvrant le champ d’exploration aux écoles finlandaise, islandaise, norvégienne et suédoise, entre 1800 et 1920. Après une introduction générale qui explique comment les artistes se sont tour à tour inspirés et affranchis des courants européens de leur époque (l’académisme, l’impressionnisme, le symbolisme…), l’auteur procède par chapitres monographiques et selon un ordre chronologique, de Nicolai Abraham Abildgaard à Anders Zorn, en passant par Eugène Jansson, Edvard Munch, August Strindberg ou Ellen Thesleff. Entre tableaux d’atmosphères et observation minutieuse des beautés de la nature, ce panorama très complet est riche en découvertes et en surprises. Saviez-vous, par exemple, que Camille Pissarro n’était pas de nationalité française, mais danoise ? Et qu’avant de devenir l’une des grandes figures de l’impressionnisme, il avait peint, au début des années 1850, de somptueux paysages à Saint-Thomas (Antilles danoises) et au Venezuela ?
La Peinture nordique et ses maîtres, 1800-1920, par Frank Claustrat, éd. Le Faune

La Peinture nordique et ses maîtres, 1800-1920, par Frank Claustrat, éd. Le Faune (192 pp., 35 euros).
9. De la belle ouvrage
Parti à la rencontre de 28 artisans installés à Strasbourg, le photographe Simon Woolf (qui arpente cette ville depuis 2014) a réalisé dix-neuf portraits, du typographe au relieur, de la bijoutière à la plumassière, du luthier au cordonnier ou au tailleur de pierre. L’ouvrage compile des portraits de femmes et d’hommes donc, l’artisan face à la matière, mais il offre plus encore. L’application et la minutie des gestes, les outils, indispensables alliés de ces savoir-faire, les objets qui en découlent, sans oublier l’atmosphère de l’atelier deviennent les sujets de ces photographies très soignées, avec un travail sur la lumière magnifique. Pour Simon Woolf, ses clichés, « avec l’aide et la confiance de ces femmes et de ces hommes, […] donnent à voir des gestes ancestraux, des visages et un outillage, dans leur contexte, et dans notre temps ».
Les Métiers d’art. Itinéraires photographiques d’atelier en atelier, photographies et texte de Simon Woolf, Éditions Astrid Franchet

Les Métiers d’art. Itinéraires photographiques d’atelier en atelier, photographies et texte de Simon Woolf, Éditions Astrid Franchet (156 pp., 35 euros).
10. Entre verre et lumière
« Le vitrail n’existe que dans la rencontre entre le lieu, le créateur et l’artisan. » En six générations, les Ateliers Duchemin ont construit une histoire incroyable. La raconter c’est également évoquer celle du vitrail en France et celui de sa métamorphose permanente par la lumière, selon le lieu, les saisons, les heures du jour… Les Ateliers Duchemin, présidé par Dominique Duchemin, son époux Gilles Rousvoal et leurs deux filles Marie et Charlotte, se consacrent à l’art méticuleux et complexe du vitrail et perpétuent une tradition existant depuis le XIXe siècle. Ce petit ouvrage, paru aux éditions Ateliers d’art de France, nous plonge dans leur histoire familiale, commencée en 1896 par Frédéric Duchemin, puis dans leurs ateliers situés au sud de Paris, « une sorte d’antre magique en dehors du temps », ainsi qu’au cœur de leur projet de restauration et de leur création. Élégamment accompagnée par les photos de Nicolas Héron, l’œuvre des Ateliers Duchemin s’inscrit ainsi dans la durée.
Les Ateliers Duchemin. Théâtre de la métamorphose, par Véronique David, Éditions Ateliers d’art de France

Les Ateliers Duchemin. Théâtre de la métamorphose, par Véronique David, Éditions Ateliers d’art de France (112 pp.,18 euros).
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