Le bâillement reste pour nous tous un phénomène assez mystérieux. Aujourd’hui, on ignore encore sa fonction exacte mais aussi pourquoi il semble avoir l’air contagieux.
Toutefois, des découvertes apportent régulièrement de nouveaux éléments pour le comprendre.
Vous êtes dans le métro et regardez les autres passagers, soudain l’un d’entre eux se met à bâiller et sans vous en rendre compte, vous vous y mettez aussi. Ça démarre comme une drôle de sensation qui prend à la tête et force tout d’un coup à ouvrir la bouche pour inspirer et expirer de l’air…
Le bâillement est un comportement bien connu et fréquent : d’après les estimations, un homme bâillerait en moyenne 250.000 fois au cours de sa vie. Mais ce comportement garde une grande part de mystère. Les études ont permis d’observer que le bâillement était souvent associé à de la fatigue, du stress, de la faim, un manque de stimulation ou l’ennui. Pour autant, les scientifiques ignorent encore quelle est la fonction exacte de ce geste si courant. D’après certains travaux, il pourrait permettre de refroidir le cerveau ou de stimuler la vigilance.
A ce mystère, s’ajoute un autre phénomène : le bâillement contagieux, décrit dans l’exemple ci-dessus.Souvent, il suffit qu’une personne bâille en face de quelqu’un pour donner à ce dernier l’envie de bâiller. Mais entendre quelqu’un bâiller ou lire quelque chose à ce sujet peuvent aussi déclencher un bâillement. Comment expliquer que cela puisse être contagieux ? Tout d’abord, il faut savoir que si la plupart des vertébrés (excepté la girafe) ont pour habitude de bâiller, seuls quelques uns semblent être sensibles à la “communication” du bâillement.
C’est le cas des primates dont l’homme. Un geste empathique ou un mimétisme inconscient ? Partie de cette observation, des études ont établi que cette communication était peut-être liée à l’empathie ressentie par les sujets. Cette notion désigne la capacité d’un individu à comprendre les sentiments et émotions que ressent un autre et à les ressentir lui-même. Le bâillement se transformerait alors en une forme de “communion empathique”. Une hypothèse appuyée par le fait que ce geste apparait davantage “contagieux” lorsqu’il s’agit de parents, d’amis ou de connaissances que lorsqu’il s’agit d’étrangers. Néanmoins, il existe aussi d’autres hypothèses pour expliquer ce bâillement contagieux. L’une des plus importantes avec celle de l’empathie, est celle du mimétisme inconscient.
Même sans s’en rendre compte, les personnes ont tendance à imiter le comportement des autres personnes. Les scientifiques pensent que ceci est dû à des neurones particuliers, les neurones miroirs, qui s’activent aussi bien lorsqu’on réalise une action que lorsqu’on voit une personne en réaliser une. Des observations du cerveau ont montré que lorsqu’on voit ou entend une personne bâiller, la région cérébrale contenant ces neurones s’active. Les chercheurs pensent ainsi que cette activation pousserait les neurones à entrainer une action similaire et donc un bâillement. Néanmoins, tout le monde n’est pas aussi sensible à cette contagion. Selon les estimations, 25% de la population ne sera pas ou peu sensible.
Moins sensibles avec l’âge L’âge par exemple, jouerait un rôle important. Par exemple, on a déjà constaté que si les bébés ont pour habitude de bâiller beaucoup, ils ne sont sensibles au bâillement communicatif qu’à partir d’un certain âge. Aujourd’hui, une étude publiée dans la revue PLoS ONE renforce encore l’hypothèse. Menés par des chercheurs de la Duke University, ces travaux ont démontré que les individus étaient de moins en moins sensibles au bâillement communicatif au fur et à mesure qu’ils vieillissaient. Les moins de 25 ans sont ainsi apparus plus réceptifs que les 26-50 ans, eux-même plus réceptifs que les personnes de plus de 50 ans. Une observation qui suggère que des facteurs, autre que l’empathie ou le mimétisme, pourraient intervenir. “Le manque d’association dans notre étude entre le bâillement contagieux et l’empathie suggère que le bâillement contagieux n’est pas simplement un produit de la capacité d’empathie de quelqu’un”, a expliqué dans un communiqué Elizabeth Cirulli, principal auteur de l’étude. Selon cette scientifique et ses collègues, l’âge n’explique toutefois pas tout : il serait responsable d’à peine 8% de la variabilité du bâillement contagieux.
Dans notre étude, “l’âge était l’indicateur le plus important du bâillement contagieux, mais même l’âge n’était pas si important. La grande majorité de la variation du bâillement contagieux n’était pas expliquée”, a ajouté Cirulli. D’autres éléments s’ajoutent de plus au débat. Un geste réflexe ancestral Des études ont démontré que des personnes atteintes de troubles tels que la schizophrénie ou l’autisme n’étaient pas non plus sensibles au phénomène. Dans la mesure où ces troubles sont connus pour affecter les capacités sociales, cette observation pourrait plutôt pencher vers l’hypothèse de l’empathie. Mais les scientifiques étudient aussi la question au niveau génétique : pour eux, il est possible que des variants génétiques particuliers rendent les personnes moins sensibles au bâillement contagieux. Il est également possible que toute une gamme de facteurs intervienne à différents niveaux, brouillant encore davantage les pistes.
Aujourd’hui, les scientifiques s’accordent sur une chose : le bâillement est un geste réflexe dont l’origine remonte à loin dans l’Histoire des hominidés. En considérant le fait que le geste serve à stimuler la vigilance, certains estiment ainsi que le bâillement contagieux serait une forme de mimétisme permettant à tous les membres d’un groupe de synchroniser leurs niveaux de vigilance. Ce comportement aurait alors involontairement perduré pendant des milliers d’années… Une hypothèse qui se rajoute aux autres. Aussi, la question de l’origine de la contagion du bâillement est encore loin de trouver une réponse précise et définitive.
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